Petite histoire de Yema

Publié le 27 mars 2020

L’heure à la française : une histoire d’aventures

Yema Yachtingraf « Patent Pending » – Circa 1970

Henry Louis Belmont fonde YEMA en 1948, à Besançon dans le Doubs, berceau de l’horlogerie française. La légende voudrait que le nom à consonance grecque de la marque soit né de l’imagination d’un adolescent, lors d’un concours organisé par le fondateur lui-même. La manufacture connaît rapidement un grand succès sur la scène internationale puisqu’en 1966, et pour trois années consécutives, Yema est le premier exportateur français de montre : plus de 500 000 modèles livrés dans plus de 50 pays! Aux États-Unis, c’est sous le nom de « LEJOUR », une marque d’export, que Yema s’imposa sur le marché des montres bracelets. Aujourd’hui, ses ateliers sont situés à Morteau au cœur de la Franche Comté.

L’histoire de Yema est avant tout une histoire d’avancées techniques. Les modèles de la marque sont à la fois des marqueurs de l’histoire de l’horlogerie mais aussi de l’aventure humaine puisqu’ils suivent tous les exploits de la deuxième moitié du XXe siècle. En effet, ce sont des montres destinées à des professionnels : montre de plongée, de pilote, d’astronaute, de coureurs automobile…. Fiabilité et robustesse sont les maîtres mots que revendique la marque.

La conquête des mers

En 1963, naît la Superman, une montre réputée « incassable » avec un mouvement automatique (calibre ETA 2452), offrant une étanchéité de 300m et une « bloque lunette » en acier. Une icône ! D’autant plus qu’elle équipa les « PLOUFS » (plongeurs sauveteurs héliportés) de l’armée de l’air française.

Toujours au service des professionnels de la plongée, en 1966, Yema produit la Yachtingraf : un chronographe avec un mouvement mécanique Valjoux 92, étanche à 200 m, qui indique le temps de régate. C’est ce modèle qui est choisi au début de l’année 1970, par la Fédération française de yatching à voile, comme fournisseur de l’équipe de France de voile pour les quatre années suivantes. C’est donc une yatchingraf au poignet que l’équipe de France se présenta aux Jeux Olympique de 1972. 

La conquête des circuits

La même année, en pleine âge d’or des compétitions sportives automobiles, sort la Rallygraf. C’est ce modèle que porta le pilote Mario Andretti, véritable légende de l’histoire des courses. Il ne remporta pas moins de 111 victoires, dont les 500 miles de Daytona, les 500 miles d’Indianapolis et finalement le Championnat du monde de Formule 1.

La conquête des cieux

En 1978, la manufacture se lance à la conquête du ciel en produisant sa Flygraf « patent pending ». Il s’agit d’un chronographe à mouvement automatique équipé d’un ETA 7750. C’est avant tout un outil destiné à des spécialistes. Par exemple, sa lunette logarithmique permettait aux pilotes de faire différents calculs concernant l’altitude, la vitesse, les distances ou encore la consommation de carburant.

Nouveau défi dans les années 1980 : Yema se lance dans la réalisation de la Spationaute 1 qui partit le 24 juin 1982, au poignet de l’astronaute français, Jean-Loup Chrétien, pour un voyage de 10 jours dans l’espace.

Jean-Loup Chrétien (né en 1938)

L’excellence française 

Enfin, en mai 1986, est mis au point la North Pole pour accompagner Jean-Louis Etienne qui s’est lancé sur la route du Pôle Nord. Une odyssée de plus de 800km où il porta cette montre en titane, conçue avec un système évitant le nord magnétique et les quatre points cardinaux.

2017, retour dans l’espace. Yema en collaboration avec le CNES (Centre national d’études spatiales) met au point un modèle en l’honneur de la mission Proxima. Preuve que l’excellence de l’horlogerie française survit encore. Enfin, légitimation ultime pour ces montres professionnelles, quelques-uns des plus grands explorateurs contemporains sont ambassadeurs de la marque : le pilote Pierre Sancinena, le photographe David Templier, et le navigateur Michel Desjoyeaux.

Romain Réa